Accident de trajet et licenciement pour inaptitude : une protection limitée pour le salarié

Vous êtes ici : Accueil > Actualités > Accident de trajet et licenciement pour inaptitude : une protection limitée pour le salarié
Le 22 octobre 2025
Accident de trajet et licenciement pour inaptitude : une protection limitée pour le salarié
Un salarié licencié pour inaptitude après un accident de trajet ne bénéficie pas du régime protecteur des accidents du travail.

Lorsqu’un salarié est déclaré inapte à la suite d’un accident de trajet, il ne peut pas bénéficier du régime protecteur réservé aux victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle.

La Cour de cassation vient à nouveau de le rappeler dans un arrêt du 24 septembre 2025, précisant que le licenciement pour inaptitude consécutif à un accident de trajet ne donne pas droit à l’indemnité compensatrice de préavis ni à l’indemnité spéciale de licenciement (Cass. soc., 24 sept. 2025, no 24-16.960).

 

Accident de trajet et accident du travail : une distinction essentielle

En droit du travail, l’accident de trajet est celui qui survient sur le parcours habituel entre le domicile du salarié et son lieu de travail (ou le lieu où il prend ses repas).

Il est certes pris en charge par la sécurité sociale au titre de la législation sur les risques professionnels, mais il ne bénéficie pas du même régime protecteur que l’accident du travail.

La Cour de cassation distingue clairement ces deux situations :

  • L’accident du travail ouvre droit à une protection spécifique en cas de licenciement pour inaptitude d’origine professionnelle (articles L. 1226-7 et L. 1226-14 du Code du travail).
  • L’accident de trajet, bien qu’indemnisé par la CPAM, n’est pas assimilé à un accident du travail pour l’application de ces règles protectrices.

Les faits : un salarié licencié pour inaptitude après un accident de trajet

Dans cette affaire, un chirurgien-dentiste salarié d’une mutuelle avait été victime d’un accident de trajet à moto.

Pris en charge par la CPAM au titre des risques professionnels, il fut ensuite placé en arrêt de travail prolongé, avant d’être déclaré inapte à son poste par le médecin du travail, avec impossibilité de reclassement.

L’employeur procéda donc à son licenciement pour inaptitude d’origine non professionnelle.

Contestant cette décision, le salarié saisit le conseil de prud’hommes.

La cour d’appel lui donna raison, estimant que son inaptitude trouvait son origine dans l’accident de trajet, et lui accorda le bénéfice du régime protecteur applicable en cas d’accident du travail : indemnité compensatrice de préavis, indemnité spéciale de licenciement et dommages et intérêts.

 

La position de la Cour de cassation : le régime protecteur ne s’applique pas

Saisie par l’employeur, la Cour de cassation casse la décision d’appel.

Elle rappelle qu’un accident de trajet ne constitue pas un accident du travail au sens du Code du travail, et que les articles L. 1226-7 et L. 1226-14 ne s’appliquent qu’en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle.

En conséquence, le salarié licencié pour inaptitude à la suite d’un accident de trajet :

  • ne peut pas prétendre à l’indemnité compensatrice de préavis ;
  • ne peut pas bénéficier de l’indemnité spéciale de licenciement (qui correspond au double de l’indemnité légale de licenciement).

La Cour confirme ainsi sa jurisprudence constante (notamment Cass. soc., 16 septembre 2009, n° 08-41.879).

 

À retenir : attention à ne pas confondre la prise en charge sociale et la protection en droit du travail

Cette décision rappelle une erreur fréquente : Le fait que la CPAM prenne en charge un accident de trajet au titre des risques professionnels ne signifie pas que le salarié bénéficie des mêmes droits que s’il avait subi un accident du travail.

Les règles du Code du travail distinguent clairement ces deux régimes :

  • Le salarié victime d’un accident du travail bénéficie d’une protection renforcée contre le licenciement et d’indemnités majorées.
  • Le salarié victime d’un accident de trajet reste soumis au régime de droit commun applicable aux inaptitudes non professionnelles.

 

En pratique : quelles conséquences pour les employeurs et les salariés ?

Pour les employeurs

  • Vérifiez toujours la nature de l’accident (travail ou trajet) avant d’engager une procédure de licenciement pour inaptitude.
  • Mentionnez clairement dans la lettre de licenciement l’origine non professionnelle de l’inaptitude.
  • Conservez les justificatifs médicaux et administratifs permettant de démontrer l’absence de lien direct avec un accident du travail.

Pour les salariés

  • Il est important de faire préciser par la CPAM la qualification de l’accident dès le départ.
  • En cas de doute sur l’origine de l’inaptitude, il est possible de contester la décision de la caisse ou de saisir le conseil de prud’hommes pour faire valoir ses droits.

 

 

Le cabinet de Maître Aurélie Ricard, votre partenaire pour sécuriser vos licenciements pour inaptitude à Toulouse

Le cabinet de Maître Aurélie Ricard accompagne les employeurs toulousains dans la gestion de leurs procédures de licenciement pour inaptitude, qu’elles soient d’origine professionnelle ou non professionnelle.

Forte de plus de treize ans d’expérience en droit du travail, Maître Ricard met son expertise au service des entreprises afin de sécuriser chaque étape du processus : analyse de la situation médicale, échanges avec le médecin du travail, recherche de reclassement, rédaction de la lettre de licenciement et gestion des contestations prud’homales.

Grâce à une approche préventive, rigoureuse et humaine, le cabinet aide les employeurs à éviter les erreurs d’appréciation – notamment la confusion entre accident de trajet et accident du travail – tout en préservant le dialogue social au sein de l’entreprise.

Si vous êtes employeur dans la région toulousaine et souhaitez sécuriser vos pratiques en matière d’inaptitude et de licenciement, n’hésitez pas à solliciter l’expertise de Maître Aurélie Ricard.

Son accompagnement sur mesure, alliant rigueur juridique et pragmatisme opérationnel, vous garantit des décisions conformes au droit et adaptées à vos enjeux RH.